Contexte et justification
Le travail a toujours favorisé la reconnaissance sociale des individus et leur intégration sociale aux différentes communautés. Il a permis de valoriser les travailleurs mais également de marginaliser les sans-emplois par la stigmatisation causée par la dépréciation collective. Il a depuis été considéré et, ce, jusqu’à ce jour, comme un « instrument d’enrichissement économique et de réussite ou d’émancipation sociales » (Barbusse et Glaymann, 2005 : 333). Les marxistes l’ont d’ailleurs sacralisé dans la mesure où il détermine le statut des individus et le niveau d’intégration. En effet, au travers des expériences pratiques professionnelles, le travailleur s’adapte aux modes de vie et aux systèmes d’échanges, aux stratégies économiques qui forgent son identité. C’est pour cela que le travail s’est imposé comme valeur essentielle noble au cœur des sociétés industrielles.
Pour les néo-citadins, le salariat, ce mode rémunération caractérisé par le versement périodique d’un salaire ou d’une cotisation salariale (Cornu, 1987 : 932), sert de contrepoids à la pauvreté. En effet, « Auparavant, la croissance économique et l’expansion corrélative du salariat offraient un remède universel contre la pauvreté́ » (Wacquant, 275). Mais aujourd’hui, il apparaît de plus en plus comme l’une des causes de l’appauvrissement ; pire « le contrat de travail salarial est lui-même devenu une source de fragmentation sociale et de précarité plutôt que d’homogénéité sociale et de sécurité pour ceux qui se voient consignés dans les secteurs périphériques de la sphère d’emploi » (Wacquant, 274).
Les sociétés sont marquées par une interaction fréquente entre les individus. Les relations sociales déterminent le type de société et l’organisation sociale mais aussi professionnelle. Pour comprendre la morphologie sociale, il semble important de commencer à saisir les formes de relations sociales mais particulièrement les désaffiliations observables dans les sociétés actuelles. Elles peuvent être comprises à l’aune de la disqualification sociale développée par Paugam (2004) qui permet d’appréhender les étapes d’exclusion. Il faut en effet comprendre la disqualification sociale à partir de trois phases :
la première, celle de la fragilisation, où face aux pressions sociales et économiques, l’acteur s’affaiblit ;
la seconde est la phase de la dépendance vis-à-vis des travailleurs sociaux ou de la famille et groupes de pairs où l’individu a besoin d’assistance ;
et enfin, la troisième qui est la phase de la rupture totale des liens sociaux qui conduit à l’exclusion et à la marginalisation. L’exclusion sociale place donc l’individu dans un statut social spécifique, inférieur et dévalorisé, marquant profondément l’identité de ceux qui en font l’expérience. C’est pour tenter un rééquilibrage que le programme de volontariat a été pensé et semble répondre au besoin de la Dignité pour tous d’ici à 2030, dont l’objectif est d’éliminer la pauvreté, transformer nos vies et protéger la planète tel que le détaille le Rapport de synthèse du Secrétaire général sur le programme de développement durable pour l’après-2015 lors de la 69e session de l’assemblée générale des Nations unies tenue le 04 décembre 2014. Depuis lors, le volontariat se présente incontestablement comme vecteur du développement durable parce que les groupes de volontaires étant désormais des parties prenantes dans la réalisation des 17 objectifs de développement durable. En effet, « Le volontariat renforce l’engagement civique, protège l’inclusion sociale, fortifie la solidarité et consolide l’appropriation des résultats du développement. (…) Le volontariat permet aux hommes et aux femmes de participer à leur propre croissance. Grâce au volontariat, les citoyens consolident leur résilience, enrichissent leurs connaissances et acquièrent un sens de responsabilité à l’égard de leur propre communauté. L’action volontaire individuelle et collective renforce la cohésion sociale et la confiance et conduit ainsi à un développement durable mis en œuvre par et pour les citoyens. Le volontariat renforce l’engagement civique, protège l’inclusion sociale, fortifie la solidarité et consolide l’appropriation des résultats du développement » (https://www.unv.org/fr/le-volontariat-et-les-objectifs-mondiaux, 2021).
Toutefois, les expériences cumulées montrent que l’entrée et la carrière de volontaire nécessite d’une part des formations préalables et d’autre part des formations continues permettant de mettre à niveau les acteurs pour qu’ils répondent efficacement. Le volontariat s’est de plus en plus affiché comme un outil de développement économique notamment au Togo. Les volontaires étant désormais intégrés à tous les secteurs d’activité. Au Togo, les données de l’agence nationale de volontariat du Togo annoncent une mobilisation de plus de 38 228 volontaires déployés sur le terrain pour aider plus de 622 structures. L’action des volontaires permet de remplir plus de 895 missions dans les structures d’accueil. Plus de 1000 volontaires sont par exemple déployés dans le cadre de l’appui au secteur de l’éducation, la santé (ANVT, janvier 2022).
L’ANVT veut faire du volontariat un outil innovant et inclusif d’appui au développement humain durable, notamment la consolidation des institutions publiques, l’autonomisation des collectivités locales, et des organisations de la société civile. Elle élabore en 2020 son plan stratégique quinquennal qui porte sur les enjeux suivants :
- ENGAGEMENT CITOYEN, COHÉSION SOCIALE ET PAIX : l’ANVT reconnaît et valorise l’engagement citoyen par le volontariat comme facteur de renforcement de la cohésion sociale et de la consolidation de la paix. L’ANVT travaillera à faire du volontariat une valeur partagée afin d’offrir des espaces d’épanouissement individuels et collectifs pour une émergence des sociétés fortes, solidaires et apaisées.
- DÉVELOPPEMENT HUMAIN DURABLE ET INCLUSIF : L’ANVT se positionne comme une agence de développement, au regard de la reconnaissance du volontariat comme levier transversal et puissant à la réalisation des agendas nationaux et mondiaux. Il est donc question de faire du volontariat un outil adapté pour la construction et la mise en œuvre des objectifs et politiques visant le développement humain durable.
- EFFICACITE INSTITUTIONNELLE : L’efficacité institutionnelle comme enjeu vise à faire de l’ANVT une structure efficace, innovante et pérenne. Il s’agit de consolider les acquis de l’ANVT en matière de renforcement de son cadre institutionnel et de gestion, au travers des outils et solutions modernes, innovants et adaptés, de communication, de promotion de la bonne gouvernance et de reconnaissance.
De son côté, L’université de Kara s’est dotée de son plan stratégique 2014-2024, sous la direction de son Président Professeur SANDA Komla, comme fer de lance pour se positionner comme un pôle d’excellence attractif dans l’enseignement supérieur et proposer des réponses spécifique, adaptés aux exigences de développement d’un Togo émergent à l’horizon 2030. Les projets mis en jeu et qui y sont décrits, sont renforcé dans le PND-UK et ont pour racines les grands projets exposés dans le PND et la feuille de route du gouvernement dans l’ambition d’offrir au Togo une éducation accessible au plus grand nombre et en phase avec le marché du travail. La diversification de l’offre de formation, l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de la pertinence des offres de formation, la numérisation intégrée de l’Université de Kara, le renforcement de l’ancrage de l’UK dans son environnement socio-économique et le renforcement de l’expertise et des services de l’Université de Kara au profit de la communauté font partie des projets phares développés à travers les axes stratégiques en phase avec l’axe 2 du PND. L’engagement de l’Université de Kara dans la mutation numérique s’est intensifié par l’arrivée de la pandémie de Covid-19. C’est dans ce cadre que L’UK entreprend la digitalisation de ses offres de formations tout abord par les apprentissages hybrides qui continuent et s’amplifie, et maintenant par les formations ouvertes et à distance et les MOOC (Massive open online courses). Toutes ses nouvelles pratiques de l’UK dans l’enseignement sont totalement endossées par les institutions ou organisations internationales en charge de l’éducation comme L’Agence universitaire de la francophonie (AUF) et le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES)… Bref, l’Université de Kara, se caractérise comme une structure académique résiliente d’accomplissement du développement durable au service de la communauté.
La situation stratégique de chaque institution étant sommairement faite, il faut noter que l’ancrage du volontariat et les responsabilités de plus en plus confiées aux volontaires nécessitent de réfléchir au mécanisme de formation et d’accompagnement des volontaires, leur permettant d’être plus productif pour les institutions et les acteurs dans leurs différents domaines d’affectation. C’est dans ce cadre que l’Université de Kara et l’Agence nationale du volontariat au Togo initient des programmes de formation à l’attention non seulement des candidats au volontariat, mais aussi aux volontaires déjà en mission pour faire le suivi d’une formation continue et garantir par là une plus grande efficacité de l’action des volontaires dans les différentes structures d’accueil. Le volontariat s’impose de plus en plus comme une étape transitoire entre le cursus scolaire/universitaire et l’insertion professionnelle définitive. Ce qui justifie la demande de plus en plus forte des diplômés au métier du volontariat.
Une certification de compétence en volontariat, destinée aux volontaires déployés.