Contexte
La garantie de la satisfaction des besoins fondamentaux d’apprentissage des enfants, des jeunes et des adultes, est une préoccupation de premier rang pour les pays en développement, l’UNESCO et les Nations Unies.Toutefois, cet objectif semble toujours être perturbé par l’insuffisance d’enseignants qualifiés, plus encore dans ces moments où les pratiques pédagogiques doivent être repensées pour être en phase avec les réalités socioculturelles en raison des défis qui se posent aux institutions d’enseignement.
L’éducation est l’un des éléments fondamentaux permettant le développement mental, psychologique, social et économique capable de favoriser l’épanouissement de l’individu et contribuer significativement au développement durable. En effet, selon Dubet et Matuceli (1996) cités par (Crahay, 2000), la fonction dévolue à celle-ci consiste essentiellement à socialiser l’homme et à lui transmettre les normes qui le rendent capable d’autonomie et de rationalité face à son environnement, et par ce biais, lui assigne la place qui sera la sienne dans la société.
Au Togo, le sous-secteur de l’enseignement secondaire général et technique mais aussi supérieur est confronté depuis quelques années au phénomène de pénurie d’enseignants qualifiés ; constituant ainsi un obstacle de taille à l’atteinte de l’éducation intégrale de qualité et à la mise en œuvre de la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE) et, par conséquent, une entrave grave à l’émergence de notre pays à l’horizon 2030. A ce facteur, s’ajoutent ceux liés aux départs à la retraite, aux abandons de poste, aux décès et la croissance annuelle du nombre d’écoles et des effectifs scolaires.
Or, les compétences professionnelles des enseignants, étant généralement considérées comme une condition sine qua none à l’amélioration de l’efficacité des systèmes d’éducation, leur développement constitue une des clés d’amélioration des performances des élèves. Pourtant, le Programme National de Développement (PND) au Togo en son axe 3 a mis la question de la formation professionnelle au cœur des préoccupations.
A côté de tous arguments suscités, il se révèle un regain d’intérêt de plus en plus croisant pour le métier d’enseignant chez les jeunes. En effet, chaque année, des milliers de nouveaux bacheliers (DASS, UK, 2020) manifestent leur intérêt à poursuivre leurs études dans les départements des Lettres Modernes, des Sciences du Langage, d’Etudes Anglophones, de Géographie et d’Histoire à l’Université de Kara avec pour intention de s’engager dans l’enseignement après la licence. Par la suite, bien que parfois nantis de compétences disciplinaires, il leur manque l’art de conduire une classe ou de méthodes d’enseignement ; bref, il leur manque les compétences psychopédagogiques. Ce qui compromet sérieusement le processus enseignement-apprentissage.
Au regard des constats susmentionnés, le manque d’enseignants qualifiés pour le secondaire et le supérieur au Togo malgré l’engouement pour le métier de l’enseignement (beaucoup y vont sans formation initiale), il convient, d’une part, de mettre un accent très particulier sur la formation initiale des enseignants si l’on veut apporter des solutions idoines aux phénomènes d’échecs, de décrochages et d’abandons scolaires qui minent le système éducatif togolais ; d’autre part, de repenser les modèles d’enseignement dans les universités publiques et privées pour permettre aux enseignants de s’adapter aux nouvelles pratiques pédagogiques, surtout celles axées sur le numérique.
En vue de contribuer à résoudre de manière durable ce problème, l’Université de Kara, qui se veut être une université au service de la communauté et dans le cadre de sa politique de professionnalisation de ses formations, a déjà posé les jalons avec l’ouverture des parcours pédagogiques en mathématiques et physiques à la Faculté des Sciences et Techniques depuis 2008. En plus, pour cette année universitaire 2020-2021, deux licences professionnelles (Mathématiques et Sciences physiques pédagogiques) ont été ouvertes dans la même Faculté. Parallèlement, la Faculté des Lettres et Sciences Humaines a une ouvert une formation certifiante en psychopédagogie et didactique à l’intention des étudiants d’une Licence en Sciences du Langage, Lettres Modernes, Anglais, Histoire, Géographie, Philosophie, Mathématique, Physiques et Chimie. Pour cette formation, la DASS-UK a enregistré environ 1000 dossiers de candidatures. Ce qui traduit encore une fois l’engouement des étudiants pour les formations en sciences psychopédagogiques.
Pour relever le défi de la formation initiale et continue des enseignants au Togo et mettre à la disposition du système éducatif un nombre suffisant d’enseignants qualifiés conformément à la cible C de l’ODD4 et à la feuille de route 2020-2025 du Gouvernement, il s’avère important de proposer une certification en pédagogie universitaire.